Nigeria : KuCoin se retire du marché P2P des crypto-monnaies
Le naira du Nigeria continue sa spirale descendante malgré un resserrement autour du trading de crypto-monnaies. Le gouvernement, blâmant les actifs numériques pour les maux de la monnaie, a lancé une attaque multi-directionnelle sur l’actif numérique, forçant les principales bourses à battre en retraite et poussant les traders vers des voies plus risquées.
La Banque centrale du Nigeria (CBN) pointe du doigt les crypto-monnaies comme étant responsables de la dépréciation du naira. Les responsables allèguent une manipulation rampante de la valeur de la monnaie à travers des schémas de pompe et de vidage sur les plateformes peer-to-peer (P2P). Cela, selon eux, compromet leurs efforts pour stabiliser le naira à travers la politique monétaire.
Ces accusations ont eu un effet refroidissant sur les entreprises de monnaies numériques. Craignant des représailles réglementaires ou une interdiction totale, les principales bourses comme Binance, OKX, et plus récemment, KuCoin, ont toutes suspendu leur support du naira sur leurs plateformes P2P.
KuCoin, dans une annonce mercredi, a minimisé le mouvement comme une « pause temporaire » pour assurer la conformité avec les réglementations locales. Cependant, l’absence d’un calendrier clair pour la reprise laisse les traders de bitcoins nigérians dans le flou.
La situation est susceptible de s’aggraver alors que la Commission des valeurs mobilières et des changes du Nigeria (SEC) prévoit une interdiction totale du trading de crypto-monnaies en P2P. Cette action, si elle est appliquée, poussera efficacement les transactions de crypto-monnaies dans l’ombre des applications de messagerie chiffrées.
Les experts avertissent que ce changement exposera les traders à un environnement de Far West rempli d’arnaques, de taux exploitatifs et d’un manque total de protection du consommateur.
La CBN ne s’arrête pas à la réglementation des bourses. Au cours des deux dernières semaines, elle a ordonné aux institutions financières de geler et de signaler toutes les transactions de crypto-monnaies. Cette mesure coupe efficacement toutes les voies légales pour les Nigérians d’acheter ou de vendre des cryptos en utilisant leur naira.
Ajoutant de l’huile sur le feu, la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), l’agence anti-corruption du Nigeria, a gelé plus de 1 000 comptes de traders de crypto-monnaies au cours des trois dernières semaines. Ces comptes font apparemment l’objet d’une enquête pour blanchiment d’argent et financement du terrorisme, des allégations que beaucoup jugent douteuses compte tenu de la transparence inhérente à la technologie blockchain.
Malgré les mesures agressives, le naira continue sa trajectoire descendante. Il se négocie actuellement à un misérable 1 520 nairas pour un dollar américain. Cela suggère que la répression des cryptos pourrait être une tentative malavisée de s’attaquer à un problème économique complexe en trouvant un bouc émissaire technologique.
L’approche du gouvernement nigérian a également été critiquée pour son manque de transparence. Le PDG de Binance, Richard Teng, a exprimé sa frustration dans un récent article de blog, soulignant leurs efforts d’un an pour obtenir des informations sur la réglementation de la SEC nigériane, en vain.
Ce manque de cadre réglementaire clair rend impossible pour les entreprises légitimes de crypto-monnaies d’opérer, poussant encore plus l’industrie sous terre.